Carnet de retour au pays Ep2 : Vous avez dit droit à la santé ?

16.11.14

Hello les audacieuses et les audacieux, comment allez vous? Vous aurais-je quelque peu manqué ? Vous pouvez me laisser un petit commentaire en me disant que oui, et si ce n'est pas vrai on fera comme si -joke- .


Lors de mon dernier article, je commençais cette série dans laquelle je souhaite partager avec vous mes perspectives sur cette Afrique dite d'avenir, après être rentrée "à la maison" suite à six longues années d'absence. Le premier épisode parle des traditions et de la dote, coutume ancestrale qui me tente un peu plus depuis, vous pouvez le retrouver ici .




Aujourd'hui nous allons parler de santé. Cette dernière est sûrement le sujet qui fâche. Vous les connaissez ces jeunes "afropolitains" dynamiques, décidés à rentrer s'établir sur le vieux continent qui vous laissent admiratifs par leur courage et leur engouement. J'étais comme vous jusqu'à ce que beaucoup d'entre eux me confient hors de la place publique -loin des yeux et des oreilles baladeurs- que leur principale crainte était de prendre des risques sanitaires et donc ils préféraient vivre un trimestre sur deux entre les deux continents. Sont-ils vraiment condamnables?

L'épisode le plus marquant de mon voyage a été un passage à l’hôpital La Quintinie surnommé l’hôpital "aide moi à mourir"...

Moi qui voulais être médecin dans une autre vie, je déteste maintenant me rendre dans les hôpitaux et celui-là en particulier car j'y ai perdu des personnes qui m'étaient très chères. Si vous êtes en occident oubliez le luxe des belles chambres d’hôpital et visualisez une pièce de 15 m² avec 8 lits rouillés sans ventilateur sous la chaleur tropicale. Vous y êtes? Voilà le tableau de base.

Mon malade aurait eu de la chance -une chance monnayée- d'être dans une chambre peu remplie, me confiait ma mère. Il semblerait qu'habituellement le garde-malade dort en-dessous du lit de son malade à même le sol. Oui car il vous faut un garde-malade si vous voulez survivre à votre maladie. Et les infirmières me direz-vous? Elles ne sont là que pour vous administrer les médicaments que vous aurez au préalable acheté à la pharmacie qui vous sera indiquée. N'essayez pas de l'acheter ailleurs sous prétexte que ce serait moins cher. Elle ne vous l'administrera pas.

Hey! Elle doit bien gagner "sa part" non? Au final entre les infirmières automates, les stagiaires hautains et les médecins fantômes -qui ont toujours des rendez-vous à l'extérieur- mon malade était resté 11 jours sans véritable soin autre que l'administration de paracétamol.

La seule véritable activité pour laquelle ils y mettent du cœur c'est l'encaissement des frais. Un cousin médecin nous avait d'ailleurs confié qu’être de garde était un vrai business et que l'objectif était d'extorquer autant que possible l'argent à la famille en créant des besoins fictifs. Je ne vous apprends rien, au Cameroun tout se négocie même la "feymania". En attendant, les cris et les pleurs rythment la vie de l’hôpital. Tous les quarts d'heure quelqu'un y perd un proche et la cacophonie reprend.

J'ignore comment ça se passe dans les autres pays africains mais il faut savoir que le "docteur" a un titre hautement honorifique pour tous. Il a donc pouvoir de décision et fait ce qu'il veut sans risquer d’être inquiété dans la plupart des cas. Je me trouvais donc dans ce lieu et je me prenais à rêver, si je rêvais vraiment fort je m'imaginerais à y réformer le système de santé, sanctionner plus sévèrement les médecins, vérifier l'application stricte du protocole de soins. Somme toutes, je rêverais de mettre le patient au centre du système de santé. Je rêverais de sensibiliser les populations et de les informer sur les basiques de la santé. Car disons nous le bien: tout camerounais se trouvant bien-pensant s'improvise guérisseur et très souvent beaucoup meurent quand ils se rendent bien trop tard dans un hôpital qui manque de réactivité. Seulement je ne fais que rêver, le rêve n'a jamais rien accompli.

Sans transition, je profite de ce billet pour vous parler d'une initiative que je trouve formidable et dont on ne parle pas assez à mon goût : Quoi de neuf docteur?



Il s'agit d'un magazine GRATUIT, né d'une association entre un groupe de jeunes journalistes et le SYNDICAT NATIONAL DES MÉDECINS DU CAMEROUN (SYNAMEC). Ce magazine a été conçu pour apporter des informations et des conseils pour une prise en charge médicale au quotidien, pour permettre de réagir efficacement face à un problème de santé.

Disponible gratuitement :
En distribution au Cameroun chez Arno, Ecomarché, Casino, Supermarché DOVV, Touristique Express (dès chaque embarquement)

En téléchargement libre sur www.quoideneufdocteur.org.

Et vous pouvez également les retrouver sur facebook.

Voilà voilà c'est tout pour aujourd'hui. N'hésitez pas à nous laisser un petit commentaire juste en-dessous si vous voulez nous laisser votre avis. Je ne manquerai pas d'y répondre.

N'oubliez pas que nous sommes aussi sur Facebook et Twitter : @audacefrappee


A bientôt,

Jill


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